L'avenir de l'automobile, excellent article du Figaro

Ce billet pour vous signaler un excellent article du Figaro en date du vendredi 19 février par P Doucet.
Cet article est très critique envers les voitures électriques, les incitations gouvernementales et les politiques commerciales de certains constructeurs. Je vous propose donc un résumé et des ajouts de ma part afin d'élargir la question.

Ainsi comme l'indique Jean-Luc Gérard (DG de Ford France et dirigeant du Csiam), les constructeurs sont entrés dans un cercle qui pourrait à long terme s'avérer dangereux et destructeur de valeur. En effet, il n'est pas rare de voir des remises de 2000€ voir même 5000€ sur certains modèles. Ceci amène à vendre avec des marges infimes voire inexistantes. Une telle stratégie de prix est tenable à court terme mais pas à long terme et pourtant cette situation s'éternise. On peut donc craindre que les consommateurs s'habituent à ces prix bas et que les prix soient difficilement réhaussables par la suite. On a pu voir dernièrement une version de la Chevrolet Matiz (certes vieillissante) à 5000€, prix encore inconcevable il y a 1 an.
De profonds enjeux se dégagent, comme la survie même des constructeurs car les marges baissant, il est à prévoir que d'ici quelques temps les budgets R&D soient mécaniquement amputés ou gravement réduits, or nous sommes précisément dans une période ou de fortes innovations doivent être adoptées (écologie, changement d'habitudes, ...).
De plus la baisse des bénéfices peut faire craindre plusieurs résultantes:
- Baisse de qualité du service après-vente
- Démotivation du réseau des concessionnaires car leur marges diminuent aussi
- Des délocalisations pour réduire encore les coûts dans cette réelle guerre de prix (ex: Clio en Turquie à Bursa) au détriment des usines françaises voire même plus largement européennes.

A cela, il faut ajouter les primes gouvernementales, dont le bonus-malus, qui favorisent les véhicules peu émetteurs en C02. En soi, c'est pas mal, car ça permet le progrès technologique chez les motoristes, les fabricants de pneus ou encore les aerodynamiciens.
Mais, il y a un effet pervers, il y a eu une distorsion de la demande d'un seul coup. Les ventes des voitures des segments A (Fiat 500, Twingo, ...), B (Clio, 207, Fiesta, ...) et B+ (C3 Picasso, Meriva, Modus, ...) se sont envolées. Par conséquents il y a eu des ruptures et des délais d'attentes importants.
Les segments M1 (308, Golf, Focus, ...) et M1+ (C-Max, Scenic, Zafira, ...) se sont maintenus difficilement.
Les segments supérieurs M2 (Passat, Laguna, Classe C, ...) et surtout H (607, Vel Satis, Classe E, ...) ont littéralement bu la tasse, et des stocks se sont amoncelés amenant à des fermetures temporaires d'usines (ex: Sandouville avec les Vel Satis et Laguna III).
A cela, il faut ajouter une seconde distorsion concernant le type de motorisation. Les diesels émettant moins de CO2 sont très fortement avantagés, ce qui pose un problème sur la répartition du parc et l'approvisionnement en carburant car on extrait un pourcentage fixe de gazole à partir d'un baril de pétrole brut non raffiné. Mais ceci pourrait changer avec le retour en grâce des moteurs essence avec l'injection directe (ex: FSi dans groupe VW).

Enfin, il convient d'aborder le problème de la voiture électrique qui est vue comme l'avenir, mais il faut en finir avec cette utopie, aucun constructeur ne peut fabriquer une voiture mue par la fée électricité à un prix d'appel. Seule une certaine élite pourra en bénéficier. Et encore, la question de l'approvisionnement en électricité se pose car quand on voit qu'il y a des coupures de courant en Bretagne et en PACA presque à chaque hiver, cette solution n'apparait pas viable. 

Source: http://www.lefigaro.fr/automobile/2010/02/18/03001-20100218ARTFIG00793-la-crise-et-apres-quelles-voitures-pour-demain-.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Segment_automobile